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ESSAI SUR LA POLICE GÉNÉRALE DES GRAINS SUR LEURS PRIX, ET SUR L’AGRICULTURE

REGLEMENS.

Les fruits de la terre sont les richesses les plus réelles des Nations. Tout ce que l’art fait ajouter à la nature, ne produit que des richesses de convention, sujettes à la [21 vicissitude des tems, et aux caprices des usages. L’Agriculture seule ne peut éprouver ces révolutions. C’est toujours de la culture des terres : c’est de cette source féconde, que coulent tous les biens dont nous Jouissons ; et elle ne peut s’altérer, sans causer des dérangemens dans toutes les parties du Gouvernement.

Depuis que les arts et les sciences ont élevé la France au degré de splendeur où elle est parvenue ; depuis qu’un commerce plus étendu a répandu chez nous une aisance que nous ne connoissions point, il paroît que nous nous sommes plus appliqués aux productions de l’art, qu’à celles de la nature. Cette richesse primitive abandonnée aux mains les plus viles, semble n’intéresser l’Etat que dans les tems de disette. L’abondance ramene bien[3’tôt la sécurité. Nous remédions aux besoins pressans ; nous songeons rarement à les prevenir.

Si la France est aussi abondante qu’il y a lieu de le croire ; si ses terres fécondes produisent plus de fruits que n’en demande la subsistance de ses Habitans, pourquoi sommes-nous quelquefois ’dans la nécessité d’aller chercher chez nos voisins cette denrée si précieuse et si nécessaire ? N’y a-t-il pas lieu d’être surpris, que les Etats qui produisent le moins de grains, soient ceux qui nous en