Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée

vrier mécanicien ce qu’il désire, d’avoir en échange une machine à vapeur ; c’est-à-dire qu’il y a demande d’une machine à vapeur de la part de ceux qui produisent ce que désirent les producteurs de pain, viande, etc. C’est cette demande qui engage le travail du mécanicien à s’appliquer à la production de la machine, et par conséquent, la demande de viande, de pain, etc., du mécanicien engage réellement une somme équivalente de travail à s’appliquer à la production de ces choses ; et c’est ainsi que le travail actuellement fait en vue de la production d’une machine, produit virtuellement les choses pour lesquelles le mécanicien dépensera son salaire.

Ou, pour réduire ce principe en formule :

La demande de consommation détermine la direction dans laquelle le travail sera dépensé en production.

Ce principe est si simple, si évident, qu’il n’est pas nécessaire d’en donner d’autres exemples, et cependant c’est grâce à la lumière qu’il produit, que disparaissent toutes les complexités de notre sujet d’étude, et que nous avons au milieu des complications de la production moderne, cette vision nette des objets réels et des récompenses du travail que nous avons déjà eue en observant dans les commencements de la société, les formes plus simples de la production et de l’échange. Nous voyons que maintenant comme alors, chaque travailleur essaie d’obtenir par ses efforts la satisfaction de ses désirs ; nous voyons que bien que l’extrême division du travail assigne seulement à chaque producteur la production d’une petite partie de la chose qu’il veut gagner par son travail, ou ne lui laisse prendre aucune part dans cette production, cependant, en aidant à la production de ce que désirent d’autres producteurs, il commande à un autre travail la production des choses dont il a besoin, et de fait les produit lui-même. Ainsi s’il fabrique des couteaux de poche et qu’il mange du froment, le froment est aussi réellement le produit de son travail que s’il l’avait lui-même fait pousser, et s’il avait laissé les producteurs de blé faire leurs couteaux eux-mêmes.