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absolument à Londres, en peu de temps, les gens commenceraient à mourir comme des moutons atteints de la clavelée, et en peu de semaines ou en peu de mois, il ne resterait personne en vie. Car une entière suspension du travail productif serait un malheur plus épouvantable que n’en a jamais connu ville assiégée. Cela n’équivaudrait pas au simple mur extérieur de circonvallation que Titus éleva autour de Jérusalem pour empêcher l’entrée incessante des provisions dont vit une grande ville, mais bien à un mur semblable entourant chaque maison. Imaginez une pareille suspension de travail productif dans une communauté quelconque, et vous verrez combien il est vrai que l’humanité vit de ses mains ; que c’est le travail de chaque jour de la communauté qui fournit à la communauté son pain de chaque jour.

De même que la nourriture des ouvriers qui construisirent les Pyramides n’était pas tirée d’un stock de provisions précédemment amassées, mais bien des moissons sans cesse renaissantes de la vallée du Nil ; de même qu’un gouvernement moderne quand il entreprend un grand travail qui doit durer plusieurs années, n’y consacre pas une richesse déjà produite mais une richesse encore à produire, qui est prise sur les producteurs par des impôts, à mesure que le travail progresse ; de même la nourriture des ouvriers qui font un travail productif mais qui ne donne pas directement des moyens de subsistance, est produite simultanément par des autres ouvriers.

Si nous suivons le cercle d’échanges par lequel le travail fait dans la production d’une grande machine à vapeur, assure à l’ouvrier du pain, des vêtements, un abri, nous trouvons que bien qu’entre l’ouvrier mécanicien et le producteur de pain, de vêtements, etc., il puisse y avoir un millier d’échanges intermédiaires, la transaction se réduit cependant à un échange de travail entre eux. La cause qui produit cette dépense de travail à propos d’une machine à vapeur, est évidemment le besoin qu’éprouve quelqu’un qui possède le pouvoir de donner à l’ou-