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pas encore en rapport, se vendent suivant leur âge. Cela l’est encore pour les chevaux, les vaches, les moutons, qui augmentent de valeur à mesure qu’ils approchent de leur maturité. Et si ce n’est pas toujours tangible entre ce qu’on peut appeler les points d’échange usuel en production, cette augmentation de valeur se fait cependant avec chaque nouvel effort de travail. Donc là où le travail est exécuté avant que les salaires soient payés, l’avance de capital est réellement faite par le travail, et par l’ouvrier au patron, et non par le patron à l’ouvrier.

« Cependant » dira-t-on, « dans des cas semblables à ceux que nous venons d’examiner, le capital est indispensable. » Certainement ; je ne le nie pas. Mais ce n’est pas pour faire des avances au travail qu’il est nécessaire. C’est pour autre chose, pourquoi, c’est ce que nous pouvons facilement déterminer.

Quand les salaires sont payés en espèce, c’est-à-dire en richesse de même nature que celle produite par le travail, quand, par exemple, je loue des hommes pour couper du bois en convenant que je leur donnerai pour salaires une portion du bois qu’ils auront coupé (méthode parfois adoptée par le possesseur ou fermier de forêts), il est évident qu’il n’y a pas besoin de capital pour payer leurs salaires. Ni même lorsque, ceci convenant mieux à tout le monde, parce que une grande quantité de bois peut être plus facilement et plus avantageusement échangée qu’un nombre de petites quantités, je paie les salaires en argent au lieu de le faire en bois, pourvu toutefois que je puisse faire l’échange du bois contre de l’argent avant que les salaires soient dus. C’est seulement quand je ne peux pas faire cet échange, ou un échange aussi avantageux que je le désire, à moins d’avoir amassé une grande quantité de bois, que j’ai besoin de capital. Même alors je puis ne pas avoir besoin de capital si je parviens à faire un échange partiel ou d’essai en empruntant sur mon bois. Si je ne peux pas ou ne veux pas soit vendre mon bois, soit emprunter sur lui, et cependant si je désire continuer à accumuler un grand stock de bois, alors j’aurai