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CHAPITRE III.

LES SALAIRES NE SONT PAS TIRÉS DU CAPITAL, MAIS SONT PRODUITS PAR LE TRAVAIL.

À mesure que nous avancerons dans notre enquête on verra de mieux en mieux l’importance de cette digression ; mais nous devons constater dès maintenant son rapport avec la partie que nous étudions.

Il est évident au premier coup d’œil que la signification économique du mot salaire est perdue de vue, et que l’attention se concentre sur le sens étroit et ordinaire du mot, quand on affirme que les salaires sont tirés du capital. Car dans tous les cas où le travailleur est son propre patron et prend directement le produit du travail pour sa récompense, il est assez clair que le salaire n’est pas tiré du capital, mais est pris directement sur le produit du travail. Si par exemple je fais mon travail de cher cher des œufs d’oiseaux ou de ramasser des baies sauvages, les œufs et les baies que j’amasserai ainsi seront mon salaire. Il est bien sûr que personne dans ce cas n’affirmera que ce salaire est pris sur le capital. Car ici il n’y a pas de capital. Un homme absolument nu, jeté sur une île où aucun être humain n’a jamais mis le pied, peut chercher des œufs d’oiseaux ou ramasser des baies.

Si je prends un morceau de cuir, et si je le travaille pour en faire des souliers, les souliers seront mon salaire, la récompense de mon travail. Ces souliers ne sont sûrement pas tirés d’un capital, que ce soit mon capital ou celui d’un autre, mais ils ont été créés par mon travail dont ils sont le salaire ; en obtenant cette paire de souliers comme salaire de mon travail, le capital n’en est pas amoindri d’un iota même momentanément. Car si nous faisons appel à l’idée de capital, mon capital, en