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capital. Le mot terre comprend nécessairement non seulement la surface de la terre distincte de l’eau et de l’air, mais l’univers matériel tout entier, en dehors de l’homme lui-même, car ce n’est qu’en étant sur la terre dont son corps même est tiré, que l’homme peut entrer en relation avec la nature et s’en servir. Le mot terre renferme, en résumé, toutes les matières, forces, et opportunités naturelles, et par conséquent rien de ce qui est gratuitement donné par la nature ne peut être appelé capital. Un champ fertile, une riche veine de minerai, une chute d’eau qui fournit de la force, peuvent donner à leur possesseur des avantages équivalents à la possession d’un capital, mais classer ces choses comme capital, ce serait détruire la distinction entre la terre et le capital, et, en ce qui concerne les rapports des deux choses, enlever toute signification aux deux termes. Le mot travail renferme de même tout effort humain, et par cela même, les facultés humaines qu’elles soient naturelles ou acquises, ne peuvent jamais être classées comme capital. Dans le langage courant, nous disons souvent que le savoir, l’adresse ou l’habileté d’un homme constituent son capital ; mais c’est évidemment une manière métaphorique de parler que l’on doit éviter dans toute argumentation qui vise à l’exactitude. La supériorité dans ces qualités peut augmenter le revenu d’un individu comme le ferait le capital ; et une augmentation dans la science, l’adresse ou l’habileté d’une communauté peut avoir pour effet d’augmenter sa production comme le ferait un accroissement de capital ; mais cet effet est dû à l’accroissement de puissance du travail et non au capital. Un accroissement de vitesse donné à un projectile peut produire le même résultat destructeur qu’une augmentation de poids, et cependant le poids et la vitesse sont deux choses différentes.

Ainsi nous devons exclure de la catégorie qui porte l’étiquette capital tout ce qui peut se mettre sous l’inscription terre ou travail. En agissant ainsi, il ne reste plus que les choses qui ne sont ni terre ni travail, mais qui sont le résultat de l’union de ces