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ne pouvons même pas connaître tout ce qui passe ici-bas. Les vibrations de la matière qui nous donnent les sensations de lumière et de couleur, ne sont plus distinctes pour nous quand elles dépassent un certain point. Nous n’avons connaissance des sons que lorsqu’ils appartiennent à une échelle très limitée. Les animaux eux-mêmes ont des sens que nous n’avons pas. Comparée au système solaire, notre terre n’est qu’un point imperceptible ; et le système solaire lui-même, n’est plus rien en face des profondeurs étoilées. Dirons-nous que ce qui passe devant nos yeux et disparaît, passe dans l’oubli ? Non, pas dans l’oubli. Au delà de la portée de notre vue, les lois éternelles doivent conserver leur empire.

L’espoir qui naît au cœur de toutes les religions ! Les poètes l’ont chanté, sa vérité fait palpiter le cœur de chaque homme. Voilà, suivant Plutarque, ce qu’ont dit dans tous les temps et dans toutes les langues, les hommes au cœur pur, et à la vue perçante, qui, se trouvant sur les sommets de la pensée et regardant l’océan sombre, ont entrevu la terre, au loin :

Les âmes des hommes, environnées ici-bas de corps et de passions, n’ont de communication avec Dieu que par la conception qu’elles peuvent atteindre par le moyen de la philosophie seulement, comme dans une espèce de rêve obscur. Mais quand elles sont délivrées de leur corps, et emportées dans la région inconnue, invisible, et pure, ce Dieu est alors leur chef et leur roi ; là elles dépendent entièrement de lui, le contemplent sans fatigue, elles aiment passionnément cette beauté qui ne peut être exprimée par les hommes.

FIN.