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ses vérités ont été désunies, qu’on a méconnu ses harmonies, que le mot qu’elle devait prononcer a été retiré, et que ses protestations contre l’injustice se sont changées en proclamations d’injustice. Dégagez-là, comme j’ai essayé de le faire, de ses entraves, et l’économie politique, dans sa propre symétrie, sera rayonnante d’espérance.

Car, convenablement comprises, les lois qui gouvernent la production et la distribution de la richesse montrent que le besoin et l’injustice que renferme l’état social actuel, ne sont pas nécessaires ; mais au contraire, qu’un état social où la pauvreté serait inconnue, et où toutes les bonnes qualités et les facultés élevées de l’homme auraient l’occasion de se développer complètement, est parfaitement possible.

De plus, quand nous voyons que le développement social n’est gouverné ni par une Providence spéciale ni par un destin sans pitié, mais par une loi à la fois immuable et bienfaisante, quand nous voyons que la volonté humaine est un facteur important, et que les hommes, dans leur ensemble, font leur condition, quand nous voyons que la loi économique et la loi morale sont une en essence, et que la vérité que saisit l’intellect après un pénible effort n’est que la vérité que le sens moral découvre rapidement par intuition, un flot de lumière’se répand sur le problème de la vie individuelle. Ces vies de millions innombrables d’hommes semblables à nous, qui ont passé et passent encore sur notre terre, avec leurs joies et leurs chagrins, leurs travaux et leurs luttes, leurs aspirations et leurs craintes, leurs fortes perceptions des choses, leurs sentiments communs qui forment la base des croyances les plus diverses ces petites vies ne nous semblent plus autant une dépense vaine et dépourvue de signification.

Le grand fait que prouve la science dans toutes ses branches, c’est l’universalité de la loi. Partout où il peut l’étudier, que ce soit dans la chute d’une pomme ou dans la révolution des soleils binaires, l’astronome constate l’œuvre de la même loi, qui