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Créateur intelligent et bon avec la croyance que la misère et la dégradation qui sont le lot d’une si grande partie de la race humaine, résultent de ses lois ; tandis que l’idée que l’homme, mentalement et physiquement, est le résultat de lentes modifications perpétuées par l’hérédité, suggère d’une manière irrésistible l’idée que c’est la vie de la race et non la vie de l’individu, qui est l’objet de l’existence humaine. Et c’est ainsi que s’est évanouie pour beaucoup de nous, et que s’évanouit encore pour un plus grand nombre, cette croyance qui, dans les batailles et les malheurs de la vie, offre le plus grand appui, la consolation la plus profonde.

Dans l’enquête que nous venons de faire, nous avons justement rencontré ces doctrines et nous avons découvert leur erreur. Nous avons vu que la population ne tend pas à augmenter plus vite que les moyens de subsistance ; nous avons vu que la dépense inutile des forces de l’homme, que le luxe de souffrances d’une vie humaine, ne sont pas imposés par des lois naturelles, mais viennent de l’ignorance et de l’égoïsme des hommes qui refusent de se conformer aux lois naturelles ; nous avons vu que le progrès humain ne se fait pas par une altération de la nature des hommes ; mais qu’au contraire, généralement parlant, il semble que cette nature soit toujours la même.

Le cauchemar qui banissait du monde moderne la croyance en une vie future se trouve ainsi détruit. Ce n’est pas que toutes les difficultés disparaissent en même temps — car de quelque côté que nous nous tournions, nous arrivons toujours à ce que nous ne pouvons pas comprendre ; mais les difficultés qui semblaient concluantes et insurmontables sont détruites. Et l’espoir renaît.

Mais ce n’est pas tout.

On a dit que l’économie politique était une science sinistre ; en effet, telle qu’on l’enseigne couramment, c’est une science désespérée et désespérante. Mais, comme nous l’avons déjà vu, ce n’est ainsi que parce qu’elle a été abaissée et enchaînée, que