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L’espérance d’une vie future est naturelle et profonde. Elle se développe avec le développement intellectuel, et personne ne l’a peut être mieux ressentie que ceux qui les premiers virent combien l’univers était grand, combien étaient vastes les horizons que chaque progrès de la science ouvrent devant nous horizons ne demandant rien moins, pour être explorés, que l’éternité. Mais dans l’atmosphère mentale de notre époque, pour grande majorité des hommes qui ne se soumettent plus à de simples croyances, il semble impossible de considérer ces espérances autrement que comme un espoir vain et enfantin, né de l’égoïsme de l’homme, qui n’a aucun fondement, aucune garantie, qui est même en contradiction avec les données de la science positive.

Et quand nous arrivons à analyser et à chercher les idées qui ont ainsi détruit l’espoir d’une vie future, nous trouvons qu’elles ont leur source non dans les révélations de la science physique, mais dans certains enseignements de la science politique et sociale, enseignements qui ont eu dans toutes les directions une profonde influence. Elles ont leurs racines dans ces doctrines : il y a une tendance à la production exagérée des êtres humains par rapport aux moyens de subsistance ; le vice et la misère sont les résultats des lois naturelles, et les moyens par lesquels se fait le progrès ; le progrès humain est le résultat d’un lent développement de la race. Ces théories, qui ont été généralement acceptées comme des vérités prouvées, font ce que la science physique ne fait pas, elles réduisent l’individu à un rôle insignifiant ; elles détruisent l’idée qu’il pourrait y avoir dans l’ordonnance de l’univers une certaine considération pour son existence, ou une reconnaissance quelconque de ce que nous appelons les qualités morales.

Il est difficile de concilier l’idée de l’immortalité de l’homme avec l’idée que la nature prodigue les vies humaines, et appelle constamment à la vie des êtres alors qu’il n’y a pas de place pour eux sur la terre. Il est impossible de concilier l’idée d’un