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accroissement dans la fertilité de la nature. Quel a été le résultat de toutes ces nouveautés ? Simplement que les propriétaires de la terre ont recueilli tout le bénéfice. Les découvertes et les inventions merveilleuses de notre siècle n’ont ni augmenté les salaires, ni allégé le travail. Elles ont simplement rendu le petit nombre plus riche, le grand nombre plus pauvre ! Se peut-il que les dons du Créateur soient impunément aussi mal employés ? Est-ce donc une chose de peu d’importance que le travail soit privé de son gain, pendant que ceux qui profitent de ce gain roulent dans le luxe, que le grand nombre souffre de la misère, pendant que le petit nombre est gorgé de tout ? Étudiez l’histoire, et à chaque page vous y lirez que de telles injustices ne restent pas impunies ; que la Némesis qui suit l’injustice n’hésite jamais, n’est jamais endormie ! Regardez autour de vous. Cet état de choses peut-il durer ? Pouvons-nous seulement dire « Après nous le déluge ! » Non ; les pilliers de l’État tremblent dès maintenant, et les fondements même de la société sont ébranlés par les forces qui les minent. La lutte qui doit amener la renaissance ou la ruine, est prête à s’engager, si elle n’est pas déjà commencée.

L’arrêt est déjà prononcé ! Avec la vapeur et l’électricité, et les nouvelles puissances nées du progrès, des forces sont entrées dans le monde qui nous pousserons plus haut ou nous renverseront, comme ont été détruites nations après nations, civilisations après civilisations. C’est l’illusion qui précède la destruction qui nous fait voir dans l’agitation populaire, dans la fièvre du monde civilisé, l’effet passager de causes éphémères. Entre les idées démocratiques et l’organisation aristocratique de la société il y a une opposition indestructible. Le conflit est visible aux États-Unis comme en Europe. Nous ne pouvons continuer à permettre aux hommes de voter en les forçant à vagabonder. Nous ne pouvons continuer à instruire les garçons et les filles dans nos écoles publiques, et à leur refuser ensuite le droit de gagner de quoi vivre convenablement. Nous ne pouvons conti-