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vention s’éteint, et les empires, jadis puissants par les armes et par les arts, deviennent la proie facile de barbares plus libres.

Le soleil de la Liberté n’a fait briller sur nous que quelques rayons à demi-voilés, qui sont cependant les causes de tous progrès.

La Liberté brilla une fois pour une race d’esclaves courbés sous le fouet des Égyptiens, et les conduisit hors de la maison de servitude. Elle les endurcit dans le désert et en fit une race de conquérants. Le libre esprit de la loi mosaïque enleva ses penseurs sur les hauteurs où ils entrevirent l’unité de Dieu, et inspira à ses poëtes un style qui est encore aujourd’hui l’ex pression des plus hautes élévations de pensée. La Liberté commença à poindre sur la côte phénicienne et des vaisseaux passèrent les colonnes d’Hercule pour explorer la mer inconnue. Elle éclaira partiellement la Grèce, et le marbre revêtit les formes de la beauté idéale, les mots devinrent les instruments de la pensée la plus subtile, et les armées puissantes du grand roi vinrent se briser contre les milices peu nombreuses des libres cités, comme la lame contre le rocher. Elle se montra ensuite dans les fermes de quatre acres des agriculteurs italiens, et un pouvoir né de sa force conquit le monde. Elle jaillit des boucliers des guerriers germains, et Auguste pleura ses légions. Dans la nuit qui suivit alors son éclipse, ses rayons obliques tombèrent de nouveau sur des cités libres, et la science perdue revécut, la civilisation moderne commença ; un monde nouveau fut découvert ; et à mesure que grandit la liberté, les arts, la richesse, la puissance, la science et les raffinements grandirent avec elle. Nous pouvons lire la même vérité dans l’histoire de toutes les nations. C’est la force née de la grande Charte qui gagna Crécy et Azincourt. C’est la renaissance de la Liberté après le despotisme des Tudors qui fit la gloire du règne d’Élisabeth. C’est l’esprit qui a conduit un tyran couronné à l’échafaud qui a planté chez nous la semence d’un arbre puissant. C’est la force de l’ancienne liberté qui, au moment où elle gagna l’unité, fit de l’Es-