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vons des statues et chantons ses louanges. Mais nous n’avons pas eu pleine confiance en elle. Et ses demandes croissent avec notre développement. Elle ne veut pas qu’on la serve à moitié !

Liberté ! Ce mot est fait pour enchanter les oreilles et non pour les obséder, mêlé à de vaines vanteries. Car la liberté signifie justice, et la justice est la loi naturelle — la loi de santé, de symétrie et de force, de fraternité et de coopération.

Ceux qui croient que la liberté a rempli son rôle quand elle a aboli les privilèges héréditaires et donné à tous le droit de voter, qu’elle n’a rien de plus à voir dans les affaires de la vie de chaque jour, n’ont pas vu sa réelle grandeur — pour eux, les poètes qui l’ont chantée sont des rapsodes, ses martyrs des fous ! Le soleil est le seigneur de la vie comme de la lumière ; ses rayons percent les nuages, et entretiennent toute croissance et tout mouvement et font sortir de ce qui, sans cela, ne serait qu’une masse froide et inerte, l’infinie diversité des êtres et de la beauté ; ce que le soleil fait pour la terre, la liberté le fait pour l’humanité. Ce n’est pas pour une abstraction que les hommes ont travaillé et sont morts, que dans tous les âges se sont montrés les témoins de la Liberté, et ont souffert les martyrs de la Liberté.

Nous parlons de la Liberté comme d’une chose distincte de la vertu, de la richesse, de la science, de l’invention, de la vigueur nationale et de l’indépendance nationale. Mais la Liberté est la source, la mère, la condition nécessaire de toutes ces autres choses. Elle est à la vertu ce que la lumière est à la couleur ; à la richesse ce que les rayons du soleil sont aux semences ; à la science, ce que les yeux sont à la vue. Elle est le génie de l’invention, le système musculaire de la vie nationale, l’esprit de l’indépendance nationale. Là où croît la Liberté, croissent également les vertus, la richesse, la science ; l’esprit d’invention multiplie les forces humaines ; la nation libre s’élève au-dessus de ses voisines comme Saül au-dessus de ses frères, plus grande et plus belle. Là où s’efface la Liberté les vertus disparaissent, la richesse diminue, la science tombe dans l’oubli, l’esprit d’in-