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cial, c’est la conservation de lois, de coutumes, de méthodes, longtemps après qu’elles ont perdu leur utilité originale, et l’effet de l’autre est de permettre la croissance d’institutions et de modes de pensée contre lesquels se révoltent instinctivement les perceptions normales de l’homme.

Le développement de la société tend non seulement à rendre chacun plus dépendant de tous et à amoindrir l’influence des individus, même sur leurs propres conditions, comparée à l’influence de la société ; mais encore l’association ou l’intégration, a pour effet la naissance d’une puissance collective qui est distincte de la somme des forces individuelles. On peut trouver de tous côtés des analogies (ou plutôt peut-être des exemples de la même loi). À mesure que les organismes animaux augmentent de complexité, il se forme au-dessus de la vie et de la force des parties, une vie et une force du tout formant un ensemble ; au-dessus de la capacité pour les mouvements involontaires, la capacité pour les mouvements volontaires. Les actions et les impulsions d’hommes réunis sont différentes, on l’a souvent observé, de celles des individus isolés dans les mêmes circonstances. Les qualités de combat d’un régiment peuvent être très différentes de celles des soldats pris individuellement. Les exemples sont inutiles. Dans nos recherches sur la nature et la naissance de la rente, nous avons rencontré tous les faits auxquels je fais allusion. Là où la population est rare, la terre n’a pas de valeur ; lorsque les hommes se réunissent, la valeur de la terre apparaît, valeur très distincte des valeurs produites par l’effort individuel ; valeur qui naît de l’association, qui augmente quand l’association devient plus grande, et disparaît quand l’association est rompue. Et la même chose est également vraie de la puissance qui existe sous une autre forme que celles qu’on exprime généralement avec le terme de richesse.

Quand la société grandit, la disposition à garder les anciens arrangements sociaux tend à concentrer cette puissance collective, lorsqu’elle naît, entre les mains d’une partie de la commu-