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ciété en progrès, et qui peuvent seules expliquer comment la civilisation une fois en voie de développement peut s’arrêter d’elle-même, ou être détruite par les barbares.

La force mentale qui est le moteur du progrès social, est libérée par l’association qui est (on devrait peut-être l’appeler ainsi) une intégration. La société devient plus complexe ; ses membres plus dépendants les uns des autres. Les occupations et les fonctions se spécialisent. Les peuples, au lieu d’errer, se fixent. Au lieu que chaque homme essaie de subvenir à tous ses besoins, les différents commerces et industries se séparent, un homme devient adroit à faire une chose, un autre à en faire une autre. De même pour la science qui tend constamment à devenir plus vaste que ce qu’un homme peut embrasser, qui se divise, et que différents individus étudient et accroissent. De même pour les cérémonies religieuses qui passent entre les mains d’un corps d’hommes consacrés spécialement à leur accomplisse ment ; de même pour le maintien de l’ordre, l’administration de la justice, la perception des droits publics, la direction des armées, etc., qui deviennent les fonctions d’un gouvernement organisé. En résumé, pour employer les mots avec lesquels Herbert Spencer a défini l’évolution, le développement de la société, en relation avec les individus qui la composent, est le passage d’une homogénéité indéfinie, incohérente, à une hétérogénéité définie, cohérente. Plus le degré de développement est inférieur, plus la société ressemble à l’un de ces organismes animaux inférieurs, qui sont sans organes ou sans membres, et dont on peut retrancher une partie sans qu’ils cessent de vivre. Plus le degré de développement social est élevé, plus la société ressemble à l’un de ces organismes supérieurs dans lesquels les fonctions sont spécialisées, et les membres dépendant les uns des autres, quant à la vie de l’animal.

Cette intégration, cette spécialisation des fonctions et des forces, à mesure qu’elle se produit dans la société, est accompagnée, probablement en vertu d’une des lois les plus profondes