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La guerre est la négation de l’association. La séparation des hommes en tribus diverses, en augmentant les occasions de guerre, empêche le progrès ; tandis que dans les pays où le nombre des individus peut augmenter considérablement sans que la séparation soit nécessaire, la civilisation gagne l’avantage de l’exemption des guerres entre tribus, même lorsque la communauté dans son ensemble porte la guerre au delà de ses frontières. Ainsi là où la résistance de la nature à l’association étroite des hommes est peu de chose, la force contraire de la. guerre est également moins puissante ; et dans les plaines fertiles où commence la civilisation, elle peut atteindre un grand développement alors que les tribus éparpillées sont encore barbares. Donc, quand de petites communautés isolées sont en luttes perpétuelles qui empêchent tout progrès, le premier pas à faire vers la civilisation, c’est qu’une tribu conquérante acquière la suprématie et unisse les autres en une société plus grande jouissant de la paix intérieure. Quand cette association pacifique est rompue, soit par un assaut extérieur, soit par des dissensions intestines, le progrès cesse et la décadence commence.

Mais ce n’est pas seulement la conquête qui a produit l’association, et, par la libération des facultés mentales absorbées dans la lutte, la civilisation. Si les diversités de climat, de sol, de configuration du sol, ont d’abord séparé les hommes, elles ont aussi encouragé le commerce. Et le commerce, qui est en lui-même une forme d’association ou de coopération, provoque la civilisation non seulement directement, mais encore en produisant des intérêts qui sont ennemis de la guerre, et en chassant l’ignorance qui est la mère féconde des préjugés et des haines.

Et de même pour la religion. Bien que les formes qu’elle a revêtues et les haines qu’elle a soulevées, aient souvent divisé les hommes et produit la guerre, elle a cependant été, en d’autres temps, le promoteur de l’association. Un culte commun a souvent, comme dans la Grèce, adouci la guerre, et fourni la base