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tensions, parmi les peuples ignorants que parmi les peuples cultivés. Les premières sociétés sont des familles qui deviennent des tribus conservant encore le souvenir des relations du sang, et prétendant même, lorsqu’elles sont devenues de grandes nations, avoir une descendance commune.

Étant donnés des êtres de cette espèce, placés sur un globe aussi divers d’aspect et de climats qu’est le nôtre, il est évident que, même avec une disposition égale, et un élan primitif égal, le développement social doit être très différent. Le premier obstacle opposé à l’association doit venir des conditions physiques, et comme elles varient grandement avec la localité, des différences correspondantes doivent exister dans le progrès social. La rapidité du progrès, et la facilité avec laquelle les hommes vivent les uns à côté des autres, dépendra largement, les sciences n’étant encore qu’à l’état rudimentaire et les moyens de subsistance consistant surtout en ce qu’offre spontanément la nature, — du climat, du sol, de la configuration physique. La où il faut une nourriture abondante, et des vêtements chauds ; où la terre semble pauvre et avare ; où la vie exubérante des forêts tropicales se moque des efforts de l’homme barbare pour la dominer ; où les montagnes, le désert, des bras de mer, isolent et séparent les hommes ; l’association, et la puissance de développement qu’elle produit, ne peuvent d’abord que se former lentement. Mais dans les plaines fertiles des climats chauds, où l’homme peut vivre en dépensant moins de force sur une sur face moins grande, les hommes peuvent se rapprocher, et l’intelligence s’appliquer de suite plus complètement à la production des améliorations. C’est pourquoi la civilisation naît naturelle ment dans les grandes vallées et les plaines, où nous trouvons ses premiers monuments.

Mais ces diversités de conditions physiques, ne produisent pas simplement des diversités dans le développement social, mais en produisant des diversités dans le développement social, elles créent dans l’homme lui-même un obstacle, ou plutôt une