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génération, un édifice qui monte graduellement du fond de la mer.

Les facultés mentales sont donc le moteur du progrès, et les hommes tendent à progresser en raison de la force intellectuelle dépensée dans la progression de la force consacrée à l’extension de la science, à l’amélioration des méthodes et des conditions sociales.

La puissance mentale est une quantité fixe, c’est-à-dire qu’il y a une limite au travail que peut accomplir un homme avec son esprit, comme il y en a une au travail qu’il peut faire avec son corps ; donc la force intellectuelle qui peut être consacrée au progrès est seulement celle qui reste après la dépense nécessaire pour des travaux n’ayant aucun rapport avec le progrès.

Ces travaux qui ne profitent pas au progrès peuvent être divisés en deux classes : les uns servent à l’entretien de l’existence, des conditions sociales, à la conservation des progrès déjà effectués ; les autres comprennent les luttes et les préparatifs qu’exige la guerre, et toutes les dépenses de force mentale, faites en cherchant à satisfaire son désir aux dépens des autres, et en résistant à des agressions du même genre.

Comparons la société à un bateau. Son progrès à travers la mer ne dépendra pas de l’exercice de son équipage, mais de l’effort fait pour le pousser en avant. Cet effort sera diminué par toute autre dépense de force, ou par toute dépense de force faite par l’équipage en se disputant ou en faisant aller le bateau dans tous les sens.

Comme à l’état solitaire l’homme applique toutes ses facultés à conserver son existence, et que la force intellectuelle ne se trouve libre de s’appliquer à des usages plus nobles que lorsque les hommes sont associés en communautés, qui permettent la division du travail et toutes les économies qui résultent de la coopération de tous les membres, l’association est la première condition essentielle du progrès. Le progrès ne devient possible que lorsque les hommes s’associent dans un but paci-