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existe aujourd’hui de si grandes différences dans le développe ment social. Elle doit expliquer l’arrêt des civilisations, la décadence et la ruine des civilisations ; les faits généraux qui accompagnentla naissance d’une civilisation ; et la force de pétrification ou d’énervement qu’a toujours engendrée le progrès de la civilisation. Elle doit expliquer la rétrogression aussi bien que la progression ; les différences entre le caractère général des civilisations asiatiques et européennes ; la différence entre la civilisation classique et la civilisation moderne ; les différents degrés où arrive le progrès ; et ces éclats, ces élans, ces arrêts du progrès qui sont si marqués. Et c’est ainsi qu’elle doit nous montrer les conditions essentielles du progrès, et les arrangements sociaux qui l’avancent ou le retardent.

La loi n’est pas difficile à découvrir. Nous n’avons qu’à regarder pour la voir. Je ne prétends pas lui donner une précision scientifique, mais simplement la montrer.

Les stimulants au progrès sont les désirs inhérents a la nature humaine le désir de satisfaire les besoins de la nature animale, les besoins de la nature intellectuelle, les besoins de la nature sympathique ; le désir d’être, de connaître et de faire — désirs qui ne peuvent être satisfaits parce qu’ils croissent à mesure qu’on les nourrit.

L’esprit est l’instrument grâce auquel l’homme progresse, grâce auquel chaque progrès se trouve fixé pour servir de point de départ à de nouveaux progrès. Bien que l’homme ne puisse, par la réflexion, ajouter une coudée à sa taille, il peut, par la réflexion, étendre sa connaissance de l’univers, la puissance qu’il a sur lui, et cela presque à l’infini, d’après ce que nous pouvons juger. La courte durée de la vie humaine ne permet à l’individu que d’aller à une petite distance, mais bien que chaque génération ne puisse que peu de chose, cependant les générations se succédant en ajoutant toujours au gain des précédentes, peuvent graduellement élever l’état de l’humanité, comme le font les polypes du corail, élevant, génération après