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qu’ils résistaient aux civilisations anciennes, en supposant que les progrès de la civilisation nous ont donné des constitutions physiques plus résistantes. Après avoir fait allusion à ce fait que dans les écrivains classiques on ne trouve aucune plainte à propos des barbares, mais que partout le barbare supportait le contact du Romain, et que le Romain s’alliait lui-même au barbare, il dit :

« Dans la première année de l’ère chrétienne les sauvages ressemblaient beaucoup à ce qu’ils étaient au xviiie siècle ; et s’ils ont résisté au contact des anciens civilisés et s’ils ne peu vent nous résister, c’est probablement que notre race est plus résistante que l’ancienne ; car nous avons à supporter et devons supporter des maux plus grands que ceux que les anciens portaient avec eux. Nous pouvons peut-être nous servir du sauvage immuable pour mesurer la vigueur de constitution de ceux avec lesquels il est mis en contact. »

M. Bagehot n’essaie pas d’expliquer pourquoi, il y a dix-huit siècles, la civilisation ne donnait pas comme aujourd’hui à ses enfants un avantage relatif sur les barbares. Mais il est inutile de pousser plus loin l’enquête à ce propos, ni de faire remarquer que rien ne prouve que la constitution humaine ait été améliorée en quoi que ce soit. Pour quiconque a vu de quelle manière notre civilisation affecte les races inférieures, l’explication apparaîtra plus simple, mais moins flatteuse.

Ce n’est pas parce que nos constitutions sont plus résistantes que celles des sauvages que les maladies, qui ne sont pas nuisibles pour nous, sont pour eux des causes de mort certaine. C’est que nous connaissons et avons les moyens de soigner ces maladies, tandis qu’ils n’ont ni la science, ni les moyens. Les mêmes maladies, que l’écume de la civilisation qui flotte à ses limites, inocule au sauvage, seraient aussi nuisibles aux hommes civilisés, s’ils ne savaient rien de mieux pour les traiter que de les laisser se passer, qu’elles le sont pour le sauvage qui, dans son ignorance n’a qu’à les laisser passer ; et de fait, elles nous ont