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ceux qui y sont soumis peuvent difficilement ou ne peuvent pas en accepter un autre.

Le caractère chinois est un caractère fixe comme il y en a peu. Cependant les Chinois en Californie prennent aux Américains leur manière de travailler, de commercer, d’employer des ma chines, etc., avec une facilité qui prouve qu’ils ne manquent ni de souplesse, ni de capacités naturelles. S’ils ne changent pas sous d’autres rapports, c’est que le milieu chinois persiste et les entoure encore. Venant de la Chine, ils aspirent à y retourner et vivent là dans une petite Chine qu’ils se sont créée, comme les Anglais dans l’Inde se sont faits une petite Angleterre. Non seulement nous cherchons naturellement à nous associer à ceux qui partagent nos particularités, ce qui fait qu’un langage, une religion, des mœurs, tendent à persister là où les individus ne sont pas absolument isolés ; mais ces différences provoquent une pression extérieure qui pousse à s’associer ainsi.

Ces principes évidents expliquent pleinement tous les phénomènes qui se produisent quand deux civilisations parvenues à des degrés différents se rencontrent. Par exemple, comme l’a prouvé la philologie comparée, l’Hindou est de la même race que l’Anglais son conquérant, et des exemples individuels ont montré que s’il pouvait être placé complètement et exclusive ment dans un milieu anglais (ce qui ne pourrait avoir lieu, ainsi que je l’ai déjà dit, qu’en plaçant des enfants dans des familles anglaises de façon à ce que ni eux quand ils grandissent, ni ceux qui les entourent, n’aient conscience de quelque distinction) une seule génération suffirait pour implanter complètement chez lui la civilisation européenne. Mais le progrès des idées et des habitudes anglaises dans l’Inde doit être nécessairement très lent parce qu’elles ont à lutter constamment contre un tissu d’idées et d’habitudes perpétuées à travers une immense population, et intimement liées à chaque acte de la vie.

M. Bagehot (Physics and Politics) essaie d’expliquer pour quoi les barbares disparaissent devant notre civilisation, alors