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de l’homme ; mais je ne crois pas qu’ils y arrivent mieux ou plus mal, plus vite ou plus lentement, que des enfants de parents barbares placés dans les mêmes conditions. Étant données même les aptitudes intellectuelles les plus remarquables qu’aient jamais manifestées les individus les plus exceptionnels, que pourrait être l’humanité si une génération était séparée de la suivante par un intervalle de temps même assez court. Un seul intervalle de ce genre réduirait l’humanité, non à la sauvagerie, mais à une condition telle, que la sauvagerie, comme nous la connaissons, semblerait la civilisation.

Et, inversement, supposez qu’on puisse, sans que les mères le sachent (car pour que l’expérience soit complète, ce serait là une condition nécessaire) substituer un nombre d’enfants sauvages à un nombre d’enfants civilisés, croyez — vous, qu’une fois grands, on s’apercevrait de la chose ? Quiconque a été mêlé à différents peuples et à différentes classes, répondra non, je pense. La grande leçon à tirer de cela, c’est que « la nature humaine est la nature humaine par tout le monde. » Et c’est une leçon qu’on peut apprendre dans une bibliothèque. Je ne parle pas tant des récits des voyageurs, car les histoires de sauvages écrites par des gens civilisés ressemblent souvent à celles que les sauvages pourraient écrire sur nous s’ils nous faisaient de rapides visites, et écrivaient des livres ensuite ; mais de ces mementos de la vie et de la pensée d’autres temps et d’autres peuples, qui, traduits en notre langage actuel, sont comme les reflets de nos propres vies et de nos propres pensées. Le senti ment qu’ils inspirent est celui de la similarité essentielle des hommes. « Voilà, » dit Emmanuel Deutsch, « voilà la fin de toute recherche historique ou artistique : Ils étaient semblables à ce que nous sommes. »

Il y a un peuple qu’on trouve dans toutes les parties du monde et qui fournit un exemple des particularités dues à la transmission héréditaire, et des particularités dues à la transmission par association. Les Juifs ont conservé la pureté de leur sang plus