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d’hommes sont à peine plus grandes que la différence qu’il y a entre les chevaux noirs et les chevaux blancs elles ne sont certainement pas aussi grandes que celles qu’il y a entre certains chiens, par exemple entre les différentes variétés de terriers ou d’épagneuls. Et même ces différences physiques entre les races d’hommes n’ont été produites, disent ceux qui les attribuent à la sélection naturelle et à la transmission héréditaire, que lorsque l’homme se rapprochait plus de l’animal, c’est-à-dire lorsque son intelligence était moins développée.

Et si cela est vrai de la constitution physique de l’homme, combien cela ne doit-il pas être plus vrai encore de sa constitution mentale ? Toutes les parties de notre corps, nous les apportons avec nous dans le monde ; mais l’esprit se développe après notre naissance.

Il y a pour chaque organisme un point de son développement où l’on ne peut dire que par ce qui l’environne, s’il sera poisson, reptile, singe ou homme. Il en est de même pour l’enfant nouveau-né ; l’esprit qui n’est pas encore éveillé à la conscience et à la force, sera-t-il anglais ou allemand, américain ou chinois, esprit d’un homme civilisé ou d’un sauvage, cela dépend entièrement du milieu social dans lequel il est placé.

Prenez un nombre d’enfants nés de parents très civilisés, et transportez-les dans un pays inhabité. Supposez qu’ils soient nourris par quelque moyen miraculeux jusqu’à l’âge où ils peuvent se tirer d’affaire, qu’aurez — vous ? Des sauvages plus ignorants que tous ceux que nous connaissons. Ils auront à dé couvrir le feu, à inventer les outils et les armes les plus rudimentaires, à former une langue. Ils auront à lutter pour arriver à posséder les connaissances très simples des races inférieures, et, comme l’enfant qui apprend à marcher, se heurteront et tomberont souvent en route. Avec le temps ils arriveront, je n’en doute pas, à les posséder, car la faculté d’atteindre ces connaissances existe à l’état latent dans l’esprit humain, de même que la faculté de marcher est latente dans la constitution physique