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tamment avec toute la vigueur de l’enfance, ne peut pas de venir vieille, comme le fait l’homme, par le déclin de ses forces. Puisque sa force totale doit être la somme des forces des individus qui en sont les éléments composants, une communauté ne peut pas perdre sa force vitale à moins que les forces vitales de ses éléments ne soient affaiblies.

Cependant, dans l’analogie ordinaire qui rapproche la vie d’une nation de celle d’un individu, et dans celle que j’ai supposée, se cache l’admission d’une vérité évidente — les obstacles qui forcent à la fin le progrès à s’arrêter, sont élevés par la marche même du progrès ; ce qui a détruit toutes les civilisations antérieures, ce sont les conditions produites par le développement de la civilisation elle-même. Voilà la vérité qu’ignore la philosophie courante ; et cependant c’est une vérité évidente. Toute théorie de progrès humain, pour être sérieuse, doit en tenir compte.


CHAPITRE II.

DES DIFFÉRENCES DE CIVILISATION. LEURS CAUSES.

En essayant de découvrir la loi du progrès humain, la première chose à faire c’est de déterminer la nature essentielle de ces différences que nous appelons des différences de civilisation.

Nous avons déjà vu que la philosophie ordinaire qui attribue le progrès social à des changements opérés dans la nature de l’homme, ne s’accorde pas avec les faits historiques. Et nous pouvons également voir que les différences entre les communautés, considérées à différents degrés de civilisation, ne peuvent être attribuées à des différences innées entre les individus qui composent ces communautés. Il y a des différences naturelles, c’est vrai, la transmission héréditaire existe, c’est encore vrai ;