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cette théorie est, comme le dit Herbert Spencer[1] « radicale à un degré dépassant tout ce qu’a conçu le radicalisme courant, » tant qu’elle concerne les changements dans la nature même de l’homme ; elle est en même temps « conservatrice à un degré dépassant tout ce qu’a conçu l’esprit conservateur ordinaire, » en ce qu’elle affirme qu’aucun changement ne peut se produire, sauf ces changements lents, dans les natures des hommes. Les philosophes peuvent enseigner que cette doctrine n’affaiblit pas le devoir d’essayer de réformer les abus, comme les théologiens qui prêchent la prédestination insistent sur le devoir de tous de lutter pour le salut ; mais telle qu’elle est comprise en général, elle a pour résultat le fatalisme « agissons comme nous le pouvons, les moulins des dieux tournent sans tenir compte de notre aide ou de notre résistance. » Je ne fais allusion à ceci que pour donner un exemple de ce que je crois être l’opinion qui se répand aujourd’hui et envahit la pensée générale ; et afin que, dans la recherche de la vérité, on ne permette à aucun de ses effets d’influencer l’esprit. Voilà donc ce que je crois être l’opinion courante sur la civilisation : elle est le résultat de forces, opérant de la manière indiquée, qui changent lentement le caractère, améliorent et élèvent les facultés de l’homme ; la différence entre l’homme civilisé et le sauvage est produite par une longue éducation de la race, qui s’est définitivement fixée dans l’organisation mentale ; et ce progrès tend à augmenter et à produire une civilisation de plus en plus haute. Nous avons atteint un point tel, que le progrès nous semble tout naturel, et que nous regardons en ayant avec confiance les progrès plus grands de la génération à venir, — quelques-uns d’entre nous croyant même que le progrès de la science donnera finalement à l’homme l’immortalité, et lui permettra de faire le tour des planètes et des étoiles fixes, et de fabriquer à la fin pour lui même des soleils et des systèmes[2].

  1. L’étude de la Sociologie. — Conclusion.
  2. Winwood Read : Le Martyre de l’homme.