Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/473

Cette page n’a pas encore été corrigée

point lier la cause à l’effet, et on peut lui enseigner quelques tours ; mais sous ce rapport, ses capacités n’ont en rien augmenté, depuis les siècles qu’il est l’associé de l’homme inventant et améliorant ; et le chien de la civilisation n’est en rien plus accompli ou plus intelligent que le chien du sauvage errant. Nous ne connaissons aucun animal qui se serve de vêtements, qui cuise sa nourriture, qui se fasse des outils ou des armes, qui élève les autres animaux qu’il désire manger, ou qui ait un langage articulé. Tandis qu’on n’a pas encore trouvé, ou entendu parler, sauf dans la fable, d’hommes n’ayant pas fait toutes ces choses. C’est-à-dire que l’homme, partout où nous le connaissons, manifeste son pouvoir d’ajouter à ce que la nature a fait pour lui, ce qu’il fait pour lui-même ; et de fait, les facultés physiques de l’homme sont si inférieures, que dans aucune partie du monde, sauf peut-être dans quelques petites îles du Pacifique, il ne pourrait se maintenir s’il n’avait pas cette faculté.

Partout et dans tous les temps l’homme manifeste cette faculté, partout et dans tous les temps dont nous avons con naissance, il en fait usage. Mais cet usage varie beaucoup en degré. Entre le canot grossier et le bateau à vapeur, entre le boomrang et le fusil à répétition, entre l’idole de bois grossièrement taillée et le marbre vivant de l’art grec, entre les con naissances du sauvage et la science moderne, entre l’Indien sauvage et le colon blanc, entre la femme hottentote et la belle des sociétés policées, il y a une énorme différence.

Les différents degrés auxquels cette faculté est employée, ne peuvent être attribués à des différences de capacité originelle les peuples les plus civilisés aujourd’hui étaient des sauvages dans les temps historiques, et nous trouvons les plus grandes différences entre les peuples de même famille. On ne peut pas non plus attribuer entièrement ces différences au milieu physique, — les berceaux de la science et des arts sont aujourd’hui, dans beaucoup de cas, occupés par des barbares, et en peu d’an