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question ; car la philosophie courante, bien qu’elle reconnaisse nettement l’existence d’une telle loi, n’en donne pas plus un exposé satisfaisant que l’économie politique courante n’explique la persistance de la misère au milieu de l’accroissement de richesse.

Autant que possible tenons-nous en au terrain ferme des faits. Il n’est pas nécessaire de chercher si l’homme est ou n’est pas graduellement sorti d’un animal. Quelque intime que soit le lien entre les questions qui s’occupent de l’homme tel que nous le connaissons, et les questions qui traitent de sa genèse, ce sont seulement les premières qui peuvent jeter de la lumière sur les dernières. L’induction ne peut pas procéder de l’inconnu au connu. C’est seulement des faits que nous percevons que nous pouvons inférer qu’est-ce qui a précédé la perception.

Quelle que soit l’origine de l’homme, tout ce que nous savons de lui a rapport à son état actuel d’homme. Nous ne pouvons trouver sa trace ni son souvenir dans une condition plus basse que celle des sauvages d’aujourd’hui. Quel que soit le pont qu’il a dû traverser pour franchir l’abîme qui le sépare maintenant de la brute, il n’en reste aucun vestige. Entre les sauvages les plus bas que nous connaissons, et les animaux les plus élevés, il y a une différence non seulement de degré, mais d’espèce. Les animaux inférieurs accomplissent des actes, manifestent des émotions semblables à ceux des hommes ; mais l’homme, quelque bas que soit sa place dans l’échelle de l’humanité, n’a jamais encore été trouvé dépourvu d’une chose dont les animaux ne montrent pas la moindre trace, — d’une chose nettement reconnaissable bien que presque indéfinissable, — de la faculté d’amélioration, qui fait de lui l’animal progressiste.

Le castor construit une digue, l’oiseau un nid et l’abeille une cellule ; mais la digue du castor, le nid de l’oiseau et la cellule de l’abeille sont toujours construits sur le même modèle, tandis que la maison de l’homme passe de la hutte grossière de feuillages et de branches, à la magnifique demeure satisfaisant toutes les exigences actuelles. Le chien peut jusqu’à un certain