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prenez pour le bénéfice de toute la communauté ce fonds que crée la croissance de la communauté, et la misère et la crainte de la misère disparaîtront. L’essor de la production sera débarrassé de toute entrave, et l’accroissement énorme de richesse donnera au plus pauvre un grand bien-être. Les hommes ne lutteront plus pour trouver du travail, pas plus qu’ils ne luttent pour trouver de l’air à respirer ; ils n’auront pas plus besoin de s’inquiéter des nécessités physiques que ne s’inquiètent les lys des champs. Les progrès de la science et de l’invention, la diffusion des connaissances, apporteront à tous leurs bienfaits.

Avec cette abolition du besoin et de la crainte du besoin, l’admiration pour la richesse diminuerait, et les hommes chercheraient le respect et l’approbation de leurs concitoyens par d’autres moyens que par l’acquisition et l’étalage de la richesse. On apporterait de cette façon à l’administration des affaires publiques et des fonds communs, l’habileté, l’attention, la fidélité et l’intégrité dont on ne fait preuve aujourd’hui que pour veiller aux intérêts privés ; et on pourrait, pour le compte du public, exécuter des travaux, chemins de fer, éclairage, non seulement plus économiquement et plus efficacement qu’ils ne le sont aujourd’hui avec le système de l’association des capitaux, mais encore aussi économiquement et aussi efficacement que cela se rait possible sous le régime de la propriété unique. Le prix des jeux Olympiques qui excitait les efforts les plus ardents de toute la Grèce, n’était qu’une couronne d’olivier sauvage ; pour un morceau de ruban les hommes ont accompli et accompliront des actes qu’on n’aurait jamais obtenu d’eux avec de l’argent.

La philosophie qui compte l’égoïsme comme le motif principal de l’activité humaine, n’est pas clairvoyante. Elle est aveugle sur des faits dont le monde est plein. Elle ne voit pas le présent et ne lit pas bien dans le passé. Si vous voulez faire agir les hommes à quoi ferez-vous appel ? Non à leur bourse, mais à leur patriotisme ; non à l’égoïsme, mais à la sympathie. L’intérêt personnel est une force mécanique, puissante il est vrai, ca-