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sible dans le gouvernement. Percevoir les impôts, empêcher et punir les fraudes, enregistrer et contrôler les revenus tirés de tant de sources distinctes, tout cela forme aujourd’hui les trois quarts et peut-être les sept huitièmes des occupations du gouvernement, outre le maintien de l’ordre, l’entretien de l’armée et l’administration de la justice. Un réseau énorme et compliqué de mécanisme gouvernemental serait ainsi supprimé.

On retrouverait la même économie dans l’administration de la justice. Beaucoup des affaires civiles de nos cours naissent de disputes sur la possession de la terre. Ces disputes cesseraient quand on reconnaîtrait tacitement l’État comme le seul propriétaire de la terre, et quand tous les occupants seraient simplement des tenanciers payant une rente. L’augmentation de moralité, conséquence de la cessation du besoin, tendrait à la diminution des autres affaires civiles, diminution qui serait de plus hâtée par l’adoption de la proposition de Bentham, si pleine de sens commun, pour la suppression de toutes les lois sur le recouvrement des dettes, et les sanctions des contrats privés. L’élévation des salaires, l’ouverture de voies où tout le monde pourrait gagner une vie facile et confortable, diminueraient de suite et élimineraient de la société, les voleurs, les escrocs, et autres criminels qui naissent de la distribution inégale de la richesse. Ainsi l’administration de la loi criminelle avec tout ce qu’elle comporte, sergents de ville, agents spéciaux, prisons, pénitenciers, cesserait, comme l’administration de la loi civile, d’épuiser la force vitale et l’attention de la société. Nous serions débarrassés non seulement de beaucoup de juges, baillis, clercs, et gardiens de prison, mais encore d’une foule d’hommes de loi qui vivent aujourd’hui aux dépens des producteurs ; et le talent maintenant dépensé en subtilités légales, s’occuperait de pour suites plus élevées.

Les fonctions législatives, judiciaires et exécutives du gouvernement se trouveraient donc par là beaucoup simplifiées. Je ne crois pas non plus que les dettes publiques et les armées per-