Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays comme les États-Unis, qui exportent des produits agricoles, le fermier ne peut pas être protégé. Qui que ce soit qui gagne, il doit perdre. Il y a quelques années, la Ligue libre-échangiste de New-York publia une nomenclature des différents objets de première nécessité avec les droits imposés par les tarifs, et quelques lignes rédigées à peu près de cette façon : « Le fermier se lève le matin et met ses pantalons taxés de 40 pour cent, ses bottes taxées de 30 pour cent, et allume sa bougie avec une allumette taxée de 200 pour cent, » et ainsi de suite, suivant le fermier à travers sa journée et à travers sa vie jusqu’au moment où, tué par l’impôt, il est descendu dans son tombeau avec une corde payant 45 pour cent d’impôt. Ce n’est là qu’une illustration pittoresque de la manière dont pèsent en définitive les taxes. Le fermier gagnerait beaucoup à la substitution d’une seule taxe sur la valeur de la terre à toutes ces taxes, car l’imposition des valeurs foncières pèserait sur tout, non sur les districts agricoles où la valeur de la terre est relativement faible, mais sur les villes où la valeur de la terre est relativement élevée ; tandis que les taxes sur la propriété personnelle et sur les améliorations pèsent autant sur la campagne que sur les villes. Et dans les districts peu peuplés, le fermier n’aurait presque à payer aucune taxe. Car les impôts étant levés sur la valeur de la terre nue, pèseraient autant sur les terres non améliorées que sur les terres améliorées. Acre pour acre, la ferme améliorée et cultivée avec ses constructions, ses vergers, ses moissons, ses réserves, pourrait n’être pas plus taxée qu’une terre non cultivée de qualité égale. Le résultat serait que les valeurs de spéculation ne pourraient pas monter, et que les fermes cultivées et améliorées n’auraient pas de taxe à payer tant que le pays aux environs ne serait pas bien exploité. De fait, quelque paradoxal que cela puisse leur paraître, l’effet de l’impôt unique sur la terre serait de délivrer de toute taxe les fermiers travaillant le plus dûrement.

Mais on ne voit le grand gain du fermier travaillant que lors-