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CHAPITRE III.

EFFET DU REMÈDE SUR LES INDIVIDUS ET LES CLASSES.

Quand on propose pour la première fois de mettre tous les impôts sur la valeur de la terre et de confisquer ainsi la rente, tous les propriétaires doivent prendre l’alarme et ne pas manquer de faire appel aux petits propriétaires en leur disant que la proposition est faite pour leur voler une propriété péniblement gagnée. Mais un moment de réflexion montrera que la mesure s’impose d’elle-même à ceux dont les intérêts comme propriétaires n’excèdent pas les intérêts comme travailleurs, ou capitalistes, ou les deux réunis. Et un examen plus complet montrera de plus que, bien que les grands propriétaires puissent perdre relativement au changement, cependant, même pour eux, il y aura un gain absolu. Car l’accroissement de production sera si grand que le travail et le capital gagneront beaucoup plus que ne perdra la propriété privée de la terre, et que la communauté entière, comprenant les propriétaires fonciers eux-mêmes, partagera ces gains, et les gains beaucoup plus grands impliqués dans une meilleure condition sociale.

Dans un précédent chapitre j’ai examiné la question de ce qui était dû aux propriétaires actuels, et j’ai montré qu’ils n’avaient droit à aucune compensation. Mais nous pouvons repousser toute idée de compensation, en nous plaçant à un autre point de vue. Il ne leur sera fait en réalité aucun tort.

Il est naturellement évident que le changement que je propose profitera largement à tous ceux qui vivent de leurs salaires, qu’ils leur soient payés pour un travail intellectuel ou manuel, et qu’il s’agisse d’ouvriers, de mécaniciens, ou d’hommes ayant n’importe quelle profession. Il est également évident que le changement profitera à tous ceux qui vivent en partie de leurs