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ouvriers ; que la demande des marchandises n’est pas une de mande de travail, qu’on peut augmenter le prix de certaines marchandises en réduisant les salaires, ou diminuer leur prix en augmentant les salaires.

En résumé, sur les points les plus vastes et les plus importants, les enseignements de l’économie politique courante sont fondés plus ou moins directement sur cette pétition de principe : le travail est entretenu et payé par le capital existant avant que son produit soit réalisé. Si l’on prouve que ceci est une erreur, et qu’au contraire l’entretien et le paiement du travail ne re tranchent rien, même temporairement, sur le capital, mais sont pris directement sur le produit du travail, alors toute la vaste superstructure n’étant plus soutenue doit s’écrouler. De même doivent s’abîmer les théories vulgaires qui ont aussi leur base dans la croyance que la somme qui doit être distribuée sous forme de salaires, est une somme fixe, dont les parts individuelles doivent nécessairement diminuer si le nombre des ouvriers s’accroît.

La différence entre la théorie courante et celle que je propose est, en réalité, semblable à celle qu’il y a entre la théorie mercantile des échanges internationaux et celle d’Adam Smith qui l’a supplantée. Entre la théorie qui enseigne que le commerce est l’échange des marchandises contre de l’argent, et la théorie qui enseigne que le commerce est l’échange des marchandises contre d’autres marchandises, il semble qu’il n’y ait pas de différence, surtout quand on se rappelle que les adhérents de l’ancienne théorie ne soutiennent pas que l’argent n’a d’emploi que lorsqu’on peut l’échanger contre des marchandises. Néanmoins, dans l’application pratique de ces deux théories, il y a autant de différence qu’entre le protectionnisme gouvernemental rigoureux et le libre échange.

Si j’en ai dit assez pour montrer au lecteur l’importance dernière des raisonnements que je lui demande de suivre avec moi, il est inutile que j’excuse leur simplicité ou prolixité. En atta-