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tation dans la valeur de la terre, nouveau surplus que la société pourra prendre pour des usages généraux. Et, débarrassée des difficultés qui accompagnent la perception des impôts qui engendrent la corruption et rendent la législation le jouet des intérêts spéciaux, la société pourrait assumer des fonctions que la complexité croissante de la vie rend désirable qu’elle assume, mais que la vue de la démoralisation politique du système actuel faisait rejeter par les hommes sérieux.

Considérons l’effet sur la production de la richesse.

Abolir les impôts qui, agissant et réagissant, entravent la marche des rouages de l’échange, et pèsent sur toutes les formes de l’industrie, ce serait comme si on enlevait un poids énorme de sur les forces productives. Animés d’une énergie nouvelle, la production et le commerce se trouveraient stimulés jusque dans leurs branches les plus éloignées. La méthode actuelle d’imposition agit sur le commerce comme des montagnes et des déserts artificiels ; il en coûte plus pour faire traverser une maison de douane à des marchandises que pour les porter autour du monde. L’impôt opère sur l’énergie, le travail, l’adresse, l’économie, comme le ferait une amende mise sur ces qualités. Si j’ai durement travaillé et si je me suis construit une bonne maison pendant que mon voisin se contentait d’une bicoque, le percepteur vient ensuite annuellement mettre une amende sur mon énergie et mon travail, en me taxant plus que mon voisin. Si j’ai économisé pendant qu’il gaspillait je suis mis à l’amende pendant qu’il est exempt. Si un homme construit un vaisseau nous lui faisons payer sa témérité, comme s’il avait fait tort à l’État ; si l’on ouvre un chemin de fer, le percepteur arrive comme si c’était une chose pouvant nuire au public ; si l’on élève une manufacture nous prélevons annuellement une somme qui finirait par faire un joli profit. Nous disons que nous manquons de capitaux, mais si quelqu’un en accumule ou en apporte parmi nous, nous le chargeons d’impôts comme si nous lui accordions un privilège. Nous punissons par une taxe