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vail ; le droit de l’autre à la jouissance de son revenu est un simple droit fictif, création d’une réglementation municipale, qui est inconnu et non reconnu de la nature. Le père auquel on dit qu’avec son travail il doit élever ses enfants, doit acquiescer car tel est le décret naturel ; mais il peut demander avec justice qu’on n’enlève pas un centime au revenu gagné par son travail, aussi longtemps qu’il reste un centime des revenus qui sont les gains du monopole des substances et forces que la nature offre impartialement à tous, et auxquels ses enfants ont, par droit de naissance, droit à une part égale.

Adam Smith dit des revenus qu’on en a « la jouissance sous la protection de l’État ; » et c’est le terrain sur lequel on se place généralement pour insister sur l’imposition égale de toutes les espèces de propriété — elles sont également protégées par l’État. La base de cette idée est évidemment que la jouissance de la propriété est rendue possible par l’État, qu’il y a une valeur créée et maintenue par la communauté, valeur à laquelle on doit justement faire appel pour parer aux dépenses de la communauté. De quelles valeurs ceci est-il vrai ? Seulement de la valeur foncière. Celle-ci ne naît que lorsque la communauté est formée, et dissemblable en cela des autres valeurs, elle croît avec la communauté. Elle existe seulement si la communauté existe. Éparpillez à nouveau la plus grande communauté, et la terre qui aujourd’hui a tant de valeur, n’aura plus aucune valeur. La valeur de la terre monte avec chaque accroissement de population ; elle tombe avec chaque diminution. Ceci n’est vrai que des choses qui, comme la propriété de la terre, sont par nature des monopoles.

L’impôt sur les valeurs foncières est donc le plus juste et le plus équitable des impôts. Il pèse seulement sur ceux qui reçoivent de la société un avantage particulier et de valeur, et sur eux en proportion de l’avantage qu’ils reçoivent. C’est la prise par la communauté, pour l’usage de la communauté, de cette valeur qui est la création de la communauté. C’est l’application