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l’argent dans ses affaires, il fera, à son tour, payer la taxe par les chalands, car sans cela ses affaires ne seraient pas profitables. Si nous mettons une taxe sur les constructions, ceux qui usent de ces constructions doivent finalement payer la taxe, car la construction de maisons cesserait si la rente fournie par ces maisons n’était pas assez élevée pour donner un profit ordinaire et pour payer la taxe. Si nous imposons les marchandises manufacturées ou importées, le fabricant ou l’importateur chargeront le prix des marchandises vendues au courtier, le courtier le prix des marchandises vendues au détaillant, et le détaillant le prix des choses achetées par le consommateur. Et alors le consommateur, sur lequel pèsera, en fin de compte, la taxe, devra non seulement payer le montant de l’impôt, mais encore un profit sur ce montant, à quiconque l’aura avancé, car chaque vendeur réclame aussi bien un profit sur le capital qu’il a avancé en payant la taxe, qu’un profit sur le capital qu’il a avancé en payant les marchandises. Les cigares de Manille coûtent, quand ils sont achetés à l’importateur à San-Francisco 70 dollars le mille, sur cette somme il y a 14 dollars pour le prix des cigares apportés dans le port, et 56 dollars pour les droits de douane. Mais le commerçant qui achète ces cigares pour les revendre doit calculer son profit non sur les 14 dollars prix réels des cigares, mais sur les 70 dollars, coût du cigare plus les droits d’entrée. De cette manière toutes les taxes qui ajoutent aux prix sont transférées de main en main, augmentant dans ce mouvement, jusqu’à ce qu’elles tombent finalement sur les consommateurs, qui paient ainsi beaucoup plus que ne reçoit le gouvernement. De plus les taxes élèvent le prix en augmentant le coût de la production et en arrêtant l’offre. Mais la terre n’est pas une chose de production humaine, et les impôts sur la rente de la terre ne peuvent arrêter la production. Donc, bien qu’une taxe sur la rente force les propriétaires à payer plus, elle ne leur donne aucun pouvoir d’obtenir plus pour l’usage de la terre, parce qu’elle ne tend en aucune façon à ré-