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manière, serait facilement supporté. Un impôt sur les dattiers, inventé par Mohammed Ali, fit que les fellahs égyptiens coupèrent leurs arbres, mais une taxe double imposée sur la terre n’aurait pas produit le même résultat. La taxe de dix pour cent mise sur toutes les ventes par le duc d’Albe dans les Pays-Bas, aurait arrêté, si elle avait été conservée, tout échange, tout en rapportant peu.

Mais nous n’avons pas besoin de donner plus d’exemples étrangers à notre pays. La production de la richesse est bien amoindrie aux États-Unis par les taxes qui portent sur la façon dont elle se produit. La construction des navires où nous excellions a été entièrement supprimée en ce qui concerne le commerce étranger, et bien des branches de production et d’échange ont été sérieusement atteintes par des taxes qui détournent l’industrie de formes plus productives pour l’appliquer à des formes moins productives.

Cet arrêt de la production suit d’une façon caractéristique, à un degré plus ou moins grand, l’application de toutes les taxes par lesquelles sont levés les revenus des gouvernements modernes. Toutes les taxes sur les manufactures, sur le commerce, sur le capital, produisent cet arrêt. Leur tendance est la même que celle de la taxe de Mohammed Ali sur les dattiers, bien que leur effet puisse être moins visible.

Toutes les taxes du même genre ont une tendance à réduire la production de la richesse, et on ne devrait donc jamais y avoir recours quand il est possible de lever de l’argent par des taxes qui n’arrêtent pas la production. Cela devient possible quand la société se développe et que la richesse s’accumule. Les impôts qui pèsent sur l’ostentation mettent simplement dans le Trésor public ce qui autrement serait dépensé en vaine parade pour l’amour de la parade ; et les impôts sur les testaments des riches n’auraient probablement que peu d’effet pour arrêter le désir de l’accumulation qui, lorsqu’il s’est emparé d’un homme, devient une passion aveugle. Mais la grande catégorie des taxes