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Examinons quelle forme d’impôt s’accorde le mieux avec ces conditions. Quelle qu’elle soit, ce sera évidemment la meilleure manière de lever les revenus publics.


I. — Effet des impôts sur la production.

Tous les impôts doivent évidemment venir du produit de la terre et du travail, puisque la richesse n’a pas d’autre source que l’union de l’activité humaine avec les forces et les substances de la nature. Mais la manière dont une même somme d’impôt est répartie, peut affecter très différemment la production de la richesse. La taxe qui amoindrit la récompense du producteur, doit nécessairement diminuer la force du stimulant à la production ; la taxe qui pèse sur l’acte de production, ou sur l’usage de l’un des trois facteurs de la production décourage nécessairement la production. Ainsi les impôts qui diminuent les gains du travailleur, ou les revenus du capitaliste, tendent à rendre l’un moins travailleur et moins intelligent, l’autre moins disposé à épargner et à placer. La taxe qui pèse sur les procédés de production, oppose un obstacle artificiel à la création de la richesse. La taxe qui pèse sur le travail en tant qu’il se fait, sur la richesse en tant que richesse employée comme capital, sur la terre en tant que terre cultivée, tendra évidemment à décourager la production beaucoup plus puissamment que ne le ferait une taxe rapportant la même somme et levée sur les ouvriers, qu’ils travaillent ou qu’ils jouent, sur la richesse, qu’elle soit employée productivement ou improductivement, ou sur la terre, qu’elle soit cultivée ou laissée en friche.

Le mode d’imposition est, de fait, presque aussi important que la somme. De même qu’un petit fardeau mal placé peut gêner beaucoup un cheval qui porterait facilement un fardeau beaucoup plus considérable bien placé, de même un peuple peut être appauvri dans son pouvoir de produire la richesse détruite par l’impôt, tandis que cet impôt, s’il était levé d’une autre