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tous les pays civilisés, même les plus nouveaux, la valeur de la terre, prise dans son ensemble, est suffisante pour supporter les dépenses complètes du gouvernement. Dans les pays les plus développés, elle est plus que suffisante. Donc il ne sera pas suffisant de mettre simplement tous les impôts sur la valeur de la terre. Il sera nécessaire, là où la rente excède les revenus gouvernementaux actuels, d’augmenter d’une manière commensurable la somme demandée en impôts, et de continuer cette augmentation à mesure que la société et la rente progresseront. Mais ceci est si naturel et si facile à faire qu’on peut le considérer comme impliqué, ou au moins sous-entendu, dans la proposition de mettre toutes les taxes sur les valeurs foncières. C’est le premier pas à faire sur le terrain où doit être engagée la lutte pratique. Quand le lièvre est pris et tué, sa cuisson suit naturellement. Quand le droit commun à la terre est si bien reconnu que tous les impôts sont abolis sauf ceux qui tombent sur la rente, la collecte des revenus publics laissée aux propriétaires particuliers, n’est pas loin de revenir à l’État.

L’expérience m’a appris (car voilà plusieurs années que j’essaie de populariser cette proposition) que partout où l’idée de concentrer toutes les taxes sur les valeurs foncières, est considérée avec un peu d’attention, elle fait invariablement son chemin, mais que les classes qui en retireraient le plus grand bénéfice, voient rarement, dès le commencement, ou au bout d’un certain temps, la pleine signification et la portée de la proposition. Il est difficile pour les ouvriers de laisser de côté l’idée qu’il y a un réel antagonisme entre le capital et le travail. Il est difficile d’enlever aux petits fermiers et aux petits propriétaires résidents, l’idée que mettre toutes les taxes sur la valeur de la terre, ce serait les taxer injustement. Il est difficile pour ces deux classes, de rejeter l’idée qu’exempter le capital de toute taxe ce serait faire le riche plus riche et le pauvre plus pauvre. Ces idées naissent d’une pensée confuse. Mais derrière l’ignorance et le préjugé il y a un intérêt puissant qui a jus-