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tôt qu’ils ne diminuent), la propriété commune du peuple des États-Unis.

La reconnaissance de la propriété privée de la terre est si peu nécessaire au bon usage de la terre, que c’est le contraire qui est vrai. En traitant la terre comme propriété privée on entrave son bon emploi. Si la terre était traitée comme une propriété publique, elle serait exploitée et améliorée aussitôt que cela serait nécessaire pour son usage ou son amélioration, tandis que si on la traite comme propriété privée, le possesseur individuel a la permission d’empêcher les autres d’employer ou d’améliorer ce qu’il ne peut ou ne veut employer ou améliorer lui-même. Quand un titre de possession est disputé, la terre la meilleure reste sans être améliorée pendant des années ; dans plusieurs parties de l’Angleterre l’amélioration des terres est arrêtée par la substitution, ceux qui les amélioreraient n’ayant aucune garantie ; et de larges espaces de terrain qui, s’ils étaient propriété publique, seraient couverts de constructions et de récoltes, sont laissés en friche pour satisfaire le caprice du propriétaire. Dans les parties des États-Unis où la colonisation est la plus serrée, il y a assez de terre pour nourrir trois ou quatre fois notre population actuelle, mais cette terre reste improductive parce que ses propriétaires la conservent en vue de prix plus élevés et les émigrants sont forcés d’aller au delà de cette terre non cultivée, pour chercher des places où leur travail sera beaucoup moins productif. Dans toutes les villes on peut voir des lots de terrain inoccupés pour la même raison. Si le bon usage de la terre est la pierre de touche, la propriété privée de la terre est alors condamnée comme elle est condamnée par toute autre considération. C’est un moyen aussi ruineux et aussi incertain d’assurer le bon usage de la terre, que de brûler des maisons pour rôtir des porcs.