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chaleur nécessaire pour rôtir un porc, autrement qu’en brûlant une maison. La simple promesse que fit un landlord irlandais de ne réclamer pendant vingt ans, comme rente, aucune part du produit de leurs cultures, engagea les paysans irlandais à changer en jardins une montagne dénudée ; sur la simple garantie d’une rente foncière fixe pour un nombre d’années, les bâtiments les plus luxueux de villes comme Londres et New-Yorck s’élèvent sur un terrain loué à bail. Si nous donnons à ceux qui améliorent la terre une garantie suffisante, nous pouvons en toute sécurité abolir la propriété privée de la terre.

La reconnaissance complète des droits communs à la terre ne contredit nullement la reconnaissance complète du droit individuel aux améliorations et aux produits. Deux hommes peuvent posséder un vaisseau sans le couper en deux. La propriété d’un chemin de fer peut être divisée en cent mille parts, et les trains courir sur les rails avec autant de précision que s’il n’y avait qu’un seul propriétaire. À Londres il s’est formé des compagnies pour posséder et administrer des propriétés foncières. Tout peut se passer comme aujourd’hui, quand bien même le droit commun à la terre serait reconnu, et que la rente formerait le revenu public. Il y a au centre de San-Francisco un lot de terrain auquel le peuple de la cité a des droits communs reconnus par la loi. Ce lot n’est pas divisé en parcelles infinitésimales, ou inoccupé. Il est couvert de belles constructions, propriétés privées d’individus qui sont là parfaitement tranquilles. La seule différence entre ce lot et ceux qui l’environnent, c’est que la rente de l’un va au fonds de l’école commune, tandis que la rente des autres va dans les poches des particuliers. Qui est-ce qui empêche que la terre de tout le pays soit possédée de la même façon par le peuple de tout le pays ?

Il serait difficile de choisir une portion du territoire des États-Unis, où les conditions que l’on considère généralement comme nécessitant la réduction de la terre à la propriété privée, existent à un plus haut degré que sur les petites îles de Saint-Pierre