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à ces questions qu’une réponse : la terre serait naturellement aussi bien exploitée. Donc la reprise de la terre comme propriété privée n’empêcherait nullement le bon usage et l’amélioration de la terre.

Ce qui est nécessaire à l’usage de la terre ce n’est pas sa possession privée, c’est la sécurité pour les améliorations. Il n’est pas nécessaire de dire à un homme, « cette terre est à vous, » pour l’engager à la cultiver ou à l’améliorer. Il est seulement nécessaire de lui dire, « tout ce que votre travail ou votre capital produira sur cette terre est à vous. » Donnez à un homme l’assurance qu’il moissonnera, et il sèmera ; assurez-lui la possession de la maison dont il a besoin, et il la construira. La moisson et la maison sont les récompenses naturelles du travail. C’est en vue de la moisson que l’homme sème ; c’est pour posséder une maison que l’homme construit. La propriété de la terre n’a rien à voir avec cela.

C’est pour obtenir cette assurance, qu’au commencement de la période féodale, beaucoup de petits propriétaires firent l’abandon de la propriété de leurs terres à un chef militaire, les recevant ensuite en fief ou en dépôt, s’agenouillant tête nue devant le seigneur, les mains dans ses mains et jurant de le servir de leur vie, de leurs membres, avec honneur. On trouve des exemples semblables d’abandon de la possession de la terre, en échange de sécurité dans son emploi, en Turquie où une exemption particulière de l’impôt et des extorsions, s’attache au vakouf ou terres ecclésiastiques, et où l’on voit souvent un propriétaire vendre sa terre à une mosquée pour un prix nominal à condition qu’il restera comme fermier sur sa terre, en payant une rente fixée.

Ce n’est pas la magie de la possession, comme le dit Arthur Young, qui a changé les sables de la Flandre en champs féconds. C’est la magie de la sécurité du travail. Cette sécurité peut être obtenue par d’autres moyens que celui qui consiste à faire de la terre une propriété privée, de même qu’on peut obtenir la