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l’incendie de la hutte de Ho-Ti, et d’après laquelle, faire cuire un porc, c’était nécessairement mettre le feu à une maison. Mais, bien que dans sa charmante dissertation, Lamb demandât qu’il naquît un sage, pour enseigner au peuple qu’on peut rôtir un porc sans brûler les maisons, il n’est pas besoin d’un sage pour voir ce qui est nécessaire à l’amélioration de la terre : ce n’est pas la propriété absolue de la terre, mais la sécurité pour les améliorations. Ceci est évident, pour quiconque regarde autour de soi. Puisque, il n’est pas plus nécessaire de rendre un homme le propriétaire exclusif et absolu de la terre, pour lui permettre de l’améliorer, qu’il n’est nécessaire de brûler une maison pour faire rôtir un porc ; puisque faire de la terre une propriété privée, c’est un moyen aussi grossier, ruineux et incertain d’assurer son amélioration, que l’incendie d’une maison est un moyen grossier, ruineux et incertain de faire rôtir un porc, nous n’avons pas pour persister dans notre erreur l’excuse qu’avaient les Chinois de Lamb pour persister dans la leur. Avant qu’un sage ait inventé le gril grossier (qui, suivant Lamb, a précédé la broche et le four), personne ne connaissait une autre manière de faire cuire un porc, qu’en brûlant une maison. Mais, parmi nous, rien n’est plus commun que de voir la terre améliorée par ceux qui ne la possèdent pas. La majorité des terres de la Grande-Bretagne est cultivée par des fermiers, et la majorité des constructions de Londres, repose sur un terrain loué à bail ; et aux États-Unis, le même système prévaut partout plus ou moins. Ainsi, il est très ordinaire de voir l’usage séparé de la possession.

Est-ce que toutes ces terres ne seraient pas aussi bien cultivées si la rente allait à l’État ou à la municipalité, qu’elles le sont maintenant que la rente va aux individus ? Si l’on n’admettait pas la propriété privée de la terre, si toutes les terres étaient occupées de cette façon, l’occupant ou l’exploitant payant une rente à l’État, la terre ne serait-elle pas cultivée et améliorée aussi bien et aussi sûrement qu’aujourd’hui ? Il ne peut y avoir