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un crime presque semblable à un vol, le refus d’un repas à celui qui en demandait un, la porte aujourd’hui est barricadée, le chien détaché, et qu’on fait contre les vagabonds des lois qui rappellent celles d’Henri VIII.

Nous nous appelons nous-mêmes le peuple le plus progressiste de la terre. Mais quelle sera la fin de notre progrès, si les fruits que nous recueillons aujourd’hui sur la route sont ceux-là ?

Ils sont les résultats de la propriété privée de la terre — les effets d’une cause qui doit agir avec une force toujours croissante. Ce n’est pas que les travailleurs aient augmenté plus rapidement que le capital ; ce n’est pas que la population dépasse les moyens de subsistance ; ce n’est pas que les machines aient rendu « l’ouvrage rare ; » ce n’est pas qu’il y ait un réel antagonisme entre le travail et le capital ; c’est simplement que la terre a acquis plus de valeur ; que les conditions auxquelles le travail peut obtenir l’accès des substances et forces naturelles qui lui permettent seules de produire, deviennent de plus en plus dures. Le domaine public se resserre, diminue. La propriété de la terre se concentre. Le nombre de nos compatriotes qui n’ont pas de droit légal à la terre sur laquelle ils vivent, devient constamment plus grand.

Le World de New-York dit : « Un propriétaire ne résidant pas, comme en Irlande, commence à devenir la caractéristique de grands districts agricoles de la Nouvelle-Angleterre, propriétaire, ajoutant chaque année à la valeur nominale des fermes tenues à bail ; augmentant chaque année la rente demandée, et dégradant le caractère des tenanciers. » Et la Nation faisant allusion au même pays, dit : « accroissement de la valeur nominale de la terre, rentes plus élevées, de moins en moins de fermes occupées par leurs propriétaires ; un produit diminuant ; des salaires plus bas ; une population plus ignorante ; un nombre croissant de femmes employées à des travaux extérieurs pénibles (signe le plus sûr d’une civilisation déclinante) ; et