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ouvrières, tendance qui domine partout dans le monde civilisé aujourd’hui, dont la pression égale celle d’un joug de fer, qui ne peut être combattue par aucune extension des pouvoirs politiques ou de la liberté personnelle, et que les économistes prennent à tort pour la pression des lois naturelles, et les ouvriers pour les oppressions du capital.

Il est clair qu’aujourd’hui en Angleterre, le droit du peuple entier au sol de son pays natal, est beaucoup moins bien reconnu qu’au temps de la féodalité. Une plus petite partie du peuple possède la terre, et son droit de propriété est beaucoup plus absolu. Les communs, autrefois si étendus, et qui contribuaient si largement à l’indépendance et à l’entretien des basses classes, ont été pris par la propriété individuelle, sauf dans quelques parties peu étendues et où la terre était de mauvaise qualité ; les grands biens de l’Église, qui étaient bien par essence des propriétés publiques consacrées au bien public, ont été enlevées à cette institution pour enrichir des particuliers ; les devoirs des tenanciers militaires ont été abolis, et l’impôt nécessaire pour entretenir l’armée et pour payer l’intérêt d’une dette énorme accumulée par les guerres successives, a été réparti sur tout le peuple sous forme de taxes sur les nécessités et les agréments de la vie. Les terres de la couronne ont passé en grande partie entre les mains des particuliers, et pour entretenir toute la famille royale et tous les petits princes qui y entrent par des mariages, l’ouvrier anglais doit donner quelque chose en payant son bock de bière ou sa pipe de tabac. Le propriétaire rural, le yeoman anglais, la race robuste qui gagna Crécy, Poitiers et Azincourt, est éteinte comme l’est le mastodonte. L’Écossais faisant parti d’un clan, dont le droit au sol de ses collines natales était aussi indiscuté que celui de son chef, a été expulsé pour faire place aux pâtures à moutons, ou aux parcs à chevreuils du descendant de ce chef ; le droit de la tribu de l’Irlandais s’est changé en tenure à volonté. Trente mille hommes ont le pouvoir légal d’expulser toute la population des