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ropéennes. Car en France (bien que l’appropriation de ces terres par l’aristocratie, occasionnellement entravée par un édit royal, ait commencé plusieurs siècles avant la Révolution, et que la Révolution et le Premier Empire aient vendu et distribué beaucoup de ces terres), les communs ou terres communales montent encore, suivant M. de Laveleye, au chiffre de 4,000,000 hectares, ou 9,884,400 acres. L’étendue des communaux en Angleterre pendant la féodalité peut être déduite de ce fait que, bien que l’aristocratie foncière ait commencé dès le règne de Henri VII à enclore les terres, cependant il est établi que plus de 7,660,413 acres de terres communales furent appropriés par des actes passés de 1710 à 1843, et 600,000 acres depuis 1845 ; et on estime qu’il y a encore 2,000,000 acres de communaux en Angleterre, dans les parties les moins bonnes naturellement.

En plus de ces terres communes il a existé en France jusqu’à la Révolution, et dans certaines parties de l’Espagne jusqu’à nos jours, une coutume ayant toute la force d’une loi, d’après laquelle les terres cultivées, après la moisson, devenaient communes pour le pâturage et le passage, jusqu’au moment où le temps venait de les cultiver à nouveau ; dans certains endroits, il existait même une coutume d’après laquelle n’importe qui avait le droit d’aller sur le terrain que son propriétaire négligeait de cultiver, et de l’ensemencer, d’y moissonner en toute sécurité. Et si l’on fumait la terre avant cette première récolte, on acquérait le droit d’en semer une seconde sans que le propriétaire pût s’y opposer.

Ce n’est pas seulement la commune suisse, la marche danoise, le village serbe et russe ; ce ne sont pas seulement les longs sillons qui, sur la terre anglaise, maintenant propriété exclusive d’individus, permettent encore à l’antiquaire de retrouver les grands champs qui dans l’ancien temps étaient consacrés à un roulement triennal de moissons, et où les villageois avaient chacun une part égale ; ce n’est pas seulement l’évidence que des savants méticuleux ont tiré de vieux documents,