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étranger » subdivise de plus en plus. La même idée est au fond des théories qui réclament l’abolition de l’intérêt et la restriction de la concurrence comme moyen d’augmenter la part du travailleur dans la richesse générale ; et elle se répand parmi tous ceux qui ne sont pas assez sérieux pour se faire une théorie quelconque ; c’est ce que nous prouvent les colonnes des journaux et les débats des corps législatifs.

Et cependant, quelque généralement acceptée, quelque profondément enracinée qu’elle soit, cette théorie ne me semble pas répondre aux faits. Car, si les salaires dépendent du rapport entre la quantité de travail cherchant un emploi, et la quantité de capital consacrée à cet emploi, la rareté ou l’abondance relative de l’un des facteurs doit correspondre à l’abondance ou à la rareté relative de l’autre. Ainsi, le capital doit être relativement abondant là où les salaires sont élevés, et relativement rare où les salaires sont bas. Comme le capital employé à payer les salaires doit être en grande partie formé du capital cherchant un placement, le taux courant de l’intérêt doit être la mesure de son abondance ou de sa rareté comparative. Ainsi, s’il est vrai que les salaires dépendent du rapport entre la somme de travail cherchant un emploi, et le capital consacré à cet emploi, les salaires élevés (qui sont la marque d’une rareté comparative de travail) doivent concorder avec un intérêt peu élevé ( ce qui est la marque d’une abondance relative de capital), et vice versa, des salaires bas doivent concorder avec un intérêt élevé.

Les faits prouvent que c’est tout le contraire qui arrive. Éliminons de l’intérêt l’élément de l’assurance, et considérons seulement l’intérêt proprement dit, ou argent donné en retour de l’emploi du capital ; n’est-ce pas une vérité générale que l’intérêt est élevé, là où et quand les salaires sont élevés, et bas, là où et quand les salaires sont bas ? Les salaires et l’intérêt ont été plus élevés dans les États-Unis qu’en Angleterre, dans les États du Pacifique que dans ceux de l’Atlantique. N’est-il pas