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prix de vente de la terre aux taux actuels, mais ce ne serait qu’un gain futur ; et en attendant, non seulement le peuple ne se trouverait pas soulagé, mais le fardeau imposé au travail et au capital au profit des propriétaires actuels se trouverait très alourdi. Car un des éléments de la valeur actuelle du marché de la terre, c’est l’espérance d’un accroissement futur de valeur, et ainsi, acheter les terres au prix du marché et payer l’intérêt de l’argent d’achat, ce serait mettre sur le dos des producteurs non seulement le paiement de la rente actuelle, mais le paiement de la rente espérée par la spéculation. Ou, pour mettre ceci sous une autre forme : la terre serait achetée à un prix calculé sur un taux plus bas que le taux ordinaire de l’intérêt (car l’accroissement futur des valeurs foncières rend toujours le prix de marché de la terre beaucoup plus élevé que le prix de n’importe quelle autre chose donnant le même revenu actuellement), et l’intérêt de l’argent d’achat se paierait au taux ordinaire. Donc, non seulement on devrait payer aux propriétaires tout ce que la terre leur rapporte actuellement, mais encore beaucoup plus. En réalité l’État passerait avec les propriétaires actuels un bail perpétuel en leur payant une rente de beaucoup plus forte que celle qu’ils reçoivent maintenant. Pour le moment l’État deviendrait simplement l’agent des propriétaires recueillant leurs rentes, et devrait leur payer non seulement ce qu’ils recevaient, mais beaucoup plus.

Le plan de M. Mill pour nationaliser le futur « accroissement non mérité de valeur de la terre » en fixant la valeur de marché actuelle de toutes les terres, et en rendant l’État propriétaire de l’accroissement futur de valeur, n’augmenterait pas l’injustice de la distribution actuelle de richesse, mais n’y remédierait pas non plus. L’accroissement spéculatif de la rente cesserait, et dans l’avenir le peuple, en général, gagnerait la différence entre l’accroissement de la rente et la somme à laquelle aurait été estimé l’accroissement en fixant la valeur présente de la terre dont naturellement la valeur future, comme la