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actes, soit par les actes de leurs ancêtres, ont donné pour leurs propriétés des équivalents en richesse honnêtement gagnée, » sera « un des problèmes les plus compliqués qu’aura un jour à résoudre la société. »

C’est cette idée qui a donné naissance à la proposition, qui trouve des avocats en Angleterre, que le gouvernement devra acheter à son prix de marché la propriété de la terre du pays, et c’est cette idée qui a conduit John Stuart Mill, bien qu’il perçût clairement l’injustice essentielle de la propriété privée de la terre, à défendre, non pas le rachat total de la terre, mais le rachat des avantages ajoutés dans l’avenir. Son plan était qu’on fît une estimation juste et même large de la valeur de marché de toutes les terres du royaume, et que les futures augmentations à cette valeur qui ne seraient pas dues aux améliorations du propriétaire, soient prises par l’État.

Pour ne rien dire des difficultés pratiques que suppose un tel plan, son défaut inhérent, essentiel, outre l’extension des fonctions du gouvernement et la corruption par là engendrée, reposerait dans l’impossibilité de combler par un compromis quelconque la différence radicale entre le juste et l’injuste. Tant qu’on aura égard aux intérêts des propriétaires, on nuira aux intérêts et aux droits généraux, et si les propriétaires ne doivent rien perdre de leurs privilèges spéciaux, le peuple dans son ensemble ne gagnera rien. Acheter les droits de propriété individuelle ce serait simplement donner aux propriétaires, sous une autre forme, un droit du même genre et de la même valeur, que celui que leur donne actuellement la possession de la terre ; ce serait lever pour eux, par des impôts, la même part du gain du travail et du capital qu’ils s’approprient maintenant par la rente. Leur avantage injuste serait conservé, et le désavantage injuste des non-propriétaires également. Certainement il y aurait gain pour le peuple en général quand le progrès de la rente ferait que la somme prise par les propriétaires avec le système actuel, serait plus grande que l’intérêt donné sur le