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paradoxe nous trouverons l’explication de ces phases à retour périodique de paralysie industrielle et commerciale qui, observées sans tenir compte de leurs relations avec des phénomènes plus généraux, semblent inexplicables. De telles recherches, convenablement commencées et menées avec soin, doivent aboutir à une conclusion résistant à toutes les épreuves, qui étant vraie, correspondra avec toute autre vérité. Car dans la séquence des phénomènes il n’y a pas d’accident. Chaque effet a une cause, et chaque fait implique un fait antérieur.

Si l’économie politique, telle qu’on l’enseigne aujourd’hui, n’explique pas la persistance de la pauvreté, au milieu de l’accroissement de la richesse, d’une façon claire et en accord avec les notions les plus profondément enracinées dans l’esprit des hommes ; si les vérités incontestables qu’elle enseigne sont mal coordonnées ; si elle n’a pas réussi à faire faire à la vérité, quelque désagréable qu’elle soit parfois à connaître, le progrès qu’elle doit faire dans la pensée populaire ; si, au contraire, après un siècle de culture, pendant lequel elle a occupé l’attention de quelques-uns des esprits les plus fins et les plus puissants, elle se trouve méprisée par l’homme d’État, raillée par les masses, reléguée dans l’opinion de bien des gens intelligents et instruits au rang de pseudo-science dans laquelle rien n’est fixé ou ne peut être fixé, cela doit provenir, à ce qu’il me semble, non de l’incapacité de la science elle-même, mais plutôt de quelque prémisse fausse, ou de quelque facteur oublié dans les estimations. Comme en général on cache de semblables méprises, par respect pour l’autorité, je me propose dans cette enquête de ne rien tenir pour accordé, de revoir, à la lumière des premiers principes, même les théories reconnues, et si elles ne me paraissent pas justes, d’interroger les faits à nouveau afin d’essayer de découvrir leur loi.

Je me propose de n’éviter aucune question, de ne reculer devant aucune conclusion, de suivre la vérité en quelque lieu qu’elle puisse me conduire. C’est à nous qu’incombe la respon-