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diminuer la pauvreté, amener une meilleure distribution de la richesse, et nous les avons tous trouvés insuffisants ou impraticables.

Il n’y a qu’un moyen d’éloigner le mal, c’est d’éloigner sa cause. La pauvreté devient plus intense à mesure que la richesse augmente, les salaires baissent alors que la puissance productive s’accroît, parce que la terre, qui est la source de toute richesse, et le champ de tout travail, est monopolisée. Pour extirper la pauvreté, pour faire que les salaires soient ce que la justice veut qu’ils soient, c’est-à-dire le gain complet du travailleur, nous devons donc substituer à la propriété individuelle de la terre, la propriété commune. Aucun autre moyen n’atteindra la cause du mal ; aucun autre ne laisse le moindre espoir.

Voilà donc le remède à la distribution injuste et inégale de richesse apparente dans notre civilisation moderne, et à tous les maux qui en découlent :

Il faut que la terre devienne propriété commune.

Nous avons atteint cette conclusion à la suite d’un examen des choses, où chaque échelon franchi était vérifié et consolidé. Dans la chaîne du raisonnement il ne manque aucun anneau, et aucun n’est faible. La déduction et l’induction nous ont conduits à la même vérité : l’inégale propriété de la terre engendre nécessairement l’inégale distribution de richesse. Et comme dans la nature des choses, l’inégale propriété de la terre est inséparable de la reconnaissance de la propriété individuelle de la terre, il s’ensuit nécessairement que le seul remède à l’injuste distribution de la richesse, est de rendre la terre propriété commune.

Mais ceci est une vérité qui, dans l’état présent de la société, fera naître l’opposition la plus amère, et qui devra conquérir pied à pied la place qui lui revient. Il est donc nécessaire de répondre aux objections de ceux qui, même en admettant la vérité, la déclareront impraticable.